...... "une autobiographie romancée" ......



Au fil de quelques articles sur ...




Le Sang

Roman 

Ce roman-témoignage achève le cycle des romans de guerre (1939-1945).

Des extraits de ces différents romans se trouvent réunis sur le site

Pierre MOLAINE, Prix Renaudot, Du sabre à la plume

http://jeangabrielfaure.free.fr




"Pierre Molaine se révèle avec Le Sang comme un moraliste de l'absurde... Un langage serré, brillant, avec des coqutteries d'archaïsmes et des formules ingénieusement aiguisées, donne au récit, et parfois même aux dialogues, une élégance littéraire qui renvoie presque au conte voltairien, à la nouvelle mériméenne, en tout cas au classique..."

Pierre-Henri SIMON, Le Monde, 10 mai 1967, n°6943

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"On se laisse prendre ici moins par les personnages que par l'action et les images loufoques, affreuses, surprenantes et terribles d'une époque dont on a rarement parlé d'une manière si vivante."

Klaeber HAEDENS, Paris-Presse, 13 mai 1967

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"Car ce livre désinvolte a des accents profonds : Moravec fait même songer à certains héros de Dostoïevsky, aux personnages de La Condition humaine, et ce n'est pas un mince compliment."

Jean ONIMUS, La Table ronde, juillet 1967

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"Pierre MOLAINE est un écrivain-né. Son style dru, savoureux, donne à ce qu'il raconte un relief et un accent qui font affleurer, derrière les mots, la richesse intérieure des êtres qu'il a connus et qu'il fait participer à l'éternelle et pathétique aventure humaine."

Albert AYGUEPARSE, de l'Académie (Le Soir, 13 avril 1967)

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"Un livre qui a de l'accent"

Luc ESTANG, Le Figaro littéraire, 8 mai 1967

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"Trois longs récits évoquent la guerre. Encore, dira-t-on. On aura tort. Le Sang parle d ela guerre avec assez de recul d'ironie lucide, de réflexion - sous-jacente -, pour ne pas ressembler aux innombrables souvenirs que nous avons déjà pu lire..."

Les Echos, 26 mai 1967

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"On est subjugué par les figures de guerriers qu'il campe au burrin, sans tomber dans l'image d'Epinal. Les dialogues claquent... On sent l'émotion de celui qui se souvient et n'aime pas céder à l'attendrissement."

L. GUISSARD, La Croix, 17 avril 1967

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"La pudeur de l'expression, la finesse des suggestions, l'élan poétique enfin par quoi se manifeste uniquement la sensibilité font de ce nouvel ouvrage de l'auteur des Orgues de l'enfer un témoignage singulièrement émouvant."

Raymond LAS VERGNAS, Les Annales, mai 1967

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"Mélange inextricable, et on ne peut plus attrayant, de cocasserie et de terreur, de réalisme et de fantasque, exacerbation dans les détails, ce roman est sans doute une des images les plus variées et les plus irrésisitbles qu'on ait données de ces années de guerre et de résistance."

La Nouvelle République, 11 avril 1967

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"Un pinte de bon "Sang"

Le Canard enchaîné, 31 mai 1967

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"Des caractères peu nombreux, fortement marqués de l'extérieur, adroitement typés, sans excessif dépouillement, sont les héros de cette épopée grandiose et nostalgique. Pierre MOLAINE l'a maintes fois prouvé : il a le souffle, la verve, le chien, l'élégance d'un brosseur à la fresque qui aime les grandes surfaces."

La Quizaine littéraire, De Gaulle, héros de roman, 15 juin 1967, n° 30 (Page 8)


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"Sans doute Pierre MOLAINE n'avait pas encore tout à fait "exprimé" sa guerre, puisqu'il demeurait en lui assez de croquis, d'impressions, assez de mots pour couvrir ce tryptique haut en couleur et en vérité... Et toute le force et la conviction de ce livre, on le dirait surgies des carnets du jeune capitaine Molaine."

L'Express, 22 mai 1967

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PENVENS, Exigence : Littérature, 1 décembre 2009

Cliquer sur :

http://www.e-litterature.net/publier2/spip/spip.php?page=article5&id_article=776





Les trois récits que Pierre Molaine a réunis dans Le sang, baptisé roman pour la circonstance, composent une œuvre où il est difficile de distinguer la part de l'écrivain d'imagina­tion de celle du mémorialiste. L'un et l'autre ont réussi, en tout cas, à se rejoindre et à concevoir une sorte de fresque, aussi équilibrée et juste dans l'ensemble que dans les détails.

Le premier récit (Défense à Dieu) pourrait s'intituler : « la drôle de guerre », et restitue le climat si particulier de 1939 : attente, impréparation, illusions. Le second (Option sur le paradis) pourrait avoir pour titre : « L'occupation en 1943 » : extrême isolement des clandestins dans un pays où la pré­sence de l'ennemi se fait partout sentir, passivité d'une popu­lation réduite à des soucis de subsistance. Quant au troisième (Les pendus), il rappelle le développement, en 1944, de la Résistance et l'horreur des représailles exercées, dans les campagnes, par les troupes SS en cours de repli. Evidemment, c'est ce dernier volet de l'épopée aux contrastes multiples, revécue par P. Molaine, qui est le plus poignant, mais, comme toujours, l'auteur a mêlé, dans ces pages, le burlesque au tragique. Ainsi, interrompus en pleine conversation gastrono­mique, des résistants bien camouflés sont-il amenés à offrir à boire à des miliciens, et poursuivent-ils longtemps, après le départ de ceux-ci, un entretien qui tourne plutôt à l'évocation spirituelle de souvenirs déjà anciens qu'à l'examen de la situa­tion présente. Habitués au péril, ces hommes ne jouent pas avec la mort, même s'ils la méprisent ; ils pratiquent un humour supérieur, preuve de leur expérience et de leur sang-froid.

Est-ce par hasard que deux d'entre eux sont des officiers — des moins conformistes — et que leur compagnon, Moravec, a des allures d'aventurier ? Non. Tous, ils appartiennent à la race des héros qui trouvent naturel de l'être et savent s'adapter aux diverses circonstances du combat. Patriotes, ils  ne se tiennent pas pour responsables du désastre de 1940, mais ne vont pas au-delà de quelques boutades visant certains chefs militaires ou civils ; ce qui compte, à leurs yeux, se nomme : refus du défaitisme. Le capitaine Lambda, détaché, souverain el pourtant chaleureux, se veut à la fois acteur et spectateur. Le commandant Matard représente, lui, l'indépen­dance de caractère, l'esprit de sacrifice. A l'ombre des pendus, ils songent à ce qu'ils ont été, en 1939 — et aussi au destin de celui qui fut, alors, leur colonel de division cuirassée...

Egalement non-conformiste, ce raide officier de haut-rang n'était autre que... le futur général de Gaulle. Il est devenu le symbole de la Résistance, et en 1944 plus que jamais ; aupa­ravant, à qui ressemblait-il '? Si l'on en juge par le portrait que tracent de lui, dans Défense à Dieu, Lambda et Matard, il différait beaucoup des colonels de « la drôle de guerre » et parlait volontiers d'un « balai pour nettoyer l'étable à ganaches ». Avec une rare prescience, il prévoyait le jour où il serait « le maître ». En attendant, il inspectait son unité de chars. Les états-majors parisiens continuaient de l'ignorer. « Mon impression dominante — dit le capitaine Lambda — est qu'il a tellement souffert de la sottise et de la vilenie des hommes qu'il est à jamais prévenu contre eux. Ses épigrammes, ses railleries mordantes, ses formules déprédatrices, à l'emporte-pièce, brillent par l'esprit et l'originalité, mais il ne les tempère d'aucun amendement charitable. Et cependant... Je tiens du commandant Matard l'intelligence et le secret de certaines actions, apparemment incompréhensibles ou décon­certantes, qui prouvent délicatesse et générosité de cœur. »

Mais Le sang de Pierre Molaine, - est-il besoin de le souligner ?- , n'est pas seulement ce portrait de de Gaulle. II constitue un des témoignages les moins récusablcs qui soient sur 1939 et sur l'occupation allemande et, en outre, une oeuvre littéraire sans faiblesses. Prix Renaudot en 1950 pour ses Orgues de l'enfer, M. Pierre Molaine cédait souvent au pathétique ; depuis, il a su corriger cette tendance. Le sang annonce, ou nous nous trompons fort, d'autres livres aussi parfaitement dominés.

André Marissel,  Esprit, juillet 1967, n° 362 (page 166-167)